Parmi le meilleur protecteur du Dharma (Dakini/Dharmapala)/gardien
 

Rinpoche fit ce discours en premier le 7 novembre 1993
Rinpoche le réitéra dans l’Association Vajrayana (France) en septembre 1994
Mis en ligne sur le site le 6 décembre 2014 (environ 21 ans après)

Introduction

Comment un pratiquant du Vajrayana devrait-il améliorer sa pratique ? Réciter quotidiennement des mantras semble être une sorte "d’habileté externe/dure" (wai/ying gong 外功 ). "Réciter des mantras de manière désespérée et insouciante" avec la même action répétée continuellement tous les jours. Si le chant des mantras se fait sans la coordination avec "l’habileté interne" (nei gong 內功 ), cela veut dire qu'il n'y a pas de pratique à la fois "externe et interne" (remarque : l’externe se réfère à l'énergie alors que l’interne se réfère au "qi") ; le pouvoir du mantra ne peut pas déployer son efficacité. En récitant ainsi des mantras pendant plusieurs décennies, on peut dire que les connaissances restent encore superficielles et insuffisantes, ou que l’on est même ignorant sans aucune compréhension.
   

Qu’est-ce que "l’habileté interne" ? L’habileté interne fait référence aux concepts et aux lois de la Sagesse, de la Vacuité (en sanskrit : Sunyata), des Six Paramitas et des Huits Chemins Nobles, etc. Tout cela provient des théories bouddhistes. C'est également la raison pour laquelle nous organisons le discours sur le Bouddhisme.

   
S'il n'y a pas simultanément de pratique "externe et interne", on ne peut pas devenir un grand maître du Bouddhisme Vajrayana. En utilisant aveuglément le pouvoir du mantra et le pouvoir du Dharma sans la "rationalité" de la connaissance bouddhiste comme base, on finira par devenir soit une déité de l’incantation, soit un démon, et l’esprit n’obtiendra pas facilement la délivrance ultime. Tout le bon karma effectué est entièrement la récompense bénie de la transmigration entre la naissance et la mort ; cependant, cela peut aussi être l'accumulation pour devenir des démons, tout cela parce que les détenteurs de mantras ne possèdent pas la Bodhicitta (l'esprit d’éveil). Selon le Sutra Avatamsaka, « en oubliant l’aspriration de la Bodhicitta, même la pratique de tous les Dharmas vertueux devient un karma démoniaque. »
   
Néanmoins, pour en revenir au sujet principal, celui qui a récité des mantras pendant plusieurs décennies est quand même meilleur que celui qui ne récite pas du tout de mantras, car on peut éradiquer son mauvais karma en récitant des mantras. Cependant, il ne vous est pas demandé de réciter des mantras pour aider quelqu'un d’autre ou d'utiliser le pouvoir des mantras pour dissiper le malheur d'autrui, car l'utilisation du pouvoir des mantras doit être appuyée par la Bodhicitta comme l’habileté interne basique.
 

Aujourd'hui, c’est le dernier cours de la classe sur le Bouddhisme et après cela, nous allons étudier les théories du Dharma du Bouddha sous d'autres formes. La remise d’un cadeau-souvenir au frère de Dharma sénior Ko, a pour but de le remercier, lui et sa belle épouse. Le frère de Dharma sénior Ko est un érudit bouddhiste exceptionnel ; c’est si rare et admirable qu'il prend l'initiative ainsi (de mener le discours du Dharma pour nous). Sa fille ne se sent pas bien aujourd'hui, le frère de Dharma sénior Ko parvient quand même à trouver le temps de venir pour les enseignements. Afin de remercier leur miséricorde, quelques souvenirs sont présentés pour exprimer notre gratitude et notre reconnaissance.

Nous allons pratiquer le Dharma du Bouddha Amitabha aujourd'hui. Bouddha Amitabha représente la compassion, comment pouvons-nous rendre hommage à Sa compassion ? Comme je (Rinpoche) ne suis pas en mesure de Lui remettre de cadeaux-souvenirs, je ne peux que faire de mon mieux pour enseigner certains êtres afin que cela serve de présent pour Lui.

Contenu
Nous sommes tous des humains mais pas Sun Wukong (également connu sous le nom du Roi des Singes). Nous avons tous été mis au monde par notre mère après 10 mois de grossesse mais non pas ainsi comme le dit le proverbe : « On est né d'un rocher (selon l'histoire, le Roi des Singes était né d'un rocher) ! » Il se trouve que ma mère, actuellement allongée dans une chambre d’hôpital, est également âgée. Elle est en train d’être confrontée à l'étape de la "renaissance dans la Terre Pure" (remarque : "renaissance dans la Terre Pure" est un terme bouddhiste. Cela signifie s’en aller). Mais je reste toujours ici (au sanctuaire) pour donner des discours à vous tous. Pourquoi ne vais-je pas lui rendre visite à l’hôpital ? C'est parce que je dois encore guider les disciples pour pratiquer en groupe et pour donner des discours sur le Dharma du Bouddha (ici). Par la présente, je lui dédie tous les mérites et vertus obtenus aujourd'hui à travers la pratique du Dharma, le chant des mantras et les discours. Je vais lui rendre visite tout à l’heure et pratiquer le Phowa (remarque : Phowa est également orthographié comme Powa, en sanscrit : samkranti, une pratique de méditation du Vajrayana qui est décrite comme le "transfert de la conscience au moment de la mort" ou l’"éveil sans méditation") pour la grande dame âgée "mourante".
   
D’apparence, elle n’est qu’une dame âgée, qui a l’air ordinaire, médiocre et maigre comme une tige. Cependant, elle est la première "femme" (tout comme la Dakini/Gardienne) qui a pris soin de moi dans ma vie. Elle m'a protégé (dans mon enfance) de toutes causes de contamination qui pouvaient nuire à mon corps physique propre et pur. Par exemple, elle avait insisté pour empêcher à cette infirmière qui prenait soin de moi d'embrasser ma petite bouche quand j'étais bébé.
   
Lors de son premier jour dans la maison de retraite, ma mère était très triste et elle refusait de faire l'enregistrement. Pourquoi ? Par peur d'être seule ? Par peur de la solitude ? Elle avait été une infirmière professionnelle et avait été promue infirmière en chef jusqu'à sa retraite. Elle ne craignait donc pas cela. Elle me disait simplement : « Mon fils, je suis comme un fardeau en te laissant supporter les frais de la maison de retraite car tu dois encore t’occuper de beaucoup de gens et gérer de nombreuses affaires dans lesquelles les dépenses sont aussi très élevées ! » Après avoir dit ces quelques phrases, ma mère ne disait plus rien dès lors. Elle gardait son silence sans dire un mot. La grande dame âgée était malheureuse et triste, alors que j’étais pris par les affaires locales du Dharma ainsi que par la transmission du Dharma à l’étranger qui ne me permettaient absolument pas de trouver du temps libre pour lui rendre visite.
   
Pourquoi est-ce que je rends rarement visite à cette dame âgée ? Est-ce parce que je ne veux pas tellement lui manquer ? Est-ce par crainte que, lorsqu'elle entrera dans la réincarnation et renaîtra comme un être humain dans le futur, elle reviendra pour me servir en tant que mon assistante après dix-huit années, … ? Absolument pas pour ces raisons ! Elle avait parfaitement compris les principes du bien et du mal et avait dit avec une foi inébranlable : « Il n’est pas nécessaire de venir me voir tous les jours ni même tous les mois, j’arrive à prendre soin de moi-même. Tu ferais mieux de bien propager efficacement le Bouddhisme afin de rendre hommage à la bonté du Bouddha. Nous allons nous rencontrer au Paradis ! »
   
A mes yeux, ma mère est une belle femme. Quand elle était jeune, elle était très jolie, rayonnante et séduisante. Maintenant qu’elle est âgée, je n’ai jamais éprouvé de la répugnance pour sa vieillesse. Avez-vous déjà éprouvé de la répugnance envers votre mère pour leur vieil âge et leur laideur, leur visage ridé, le fait qu’elle n’a plus de dents, leur odeur de personne âgée et leur marche lente, etc. ? »
   
La "mère" de chaque pratiquant est aussi son propre protecteur du Dharma qui prend soin de lui jusqu’à ce qu’il devienne adulte. Le genre d'amour que ma mère me donne est inconditionnel. Il est différent de celui des autres femmes, telles qu’une épouse ou une petite amie, dont l'amour exige quelque chose de vous en retour. Par exemple, on peut vous demander de lui faire une déclaration d'amour, d’être gentil avec elle, de la rendre heureuse…
   
Il y a de nombreuses années, ma mère a coupé ses cheveux et m'a demandé de les conserver pour se souvenir d’elle. Elle a dit : « Tu es mon Guru qui m’enseigne le Bouddhisme ; n’oublies pas de me donner tes bénédictions lorsque je mourrai. » Je lui répondis : « Lorsque tu renaîtras dans la Terre Pure et que tu rencontreras des déités, tu leur diras que je suis ton fils. Les Bodhisattvas et les Protecteurs du Dharma (Dakini/Dharmapala) t’aideront alors. »
   
Sur tous les Refuges, les Huit Préceptes, les Vœux de Bodhisattva, etc. que ma mère a pris et observés dans le Bouddhisme exotérique, c’était moi qui l’accompagnais. De plus, je l'avais également emmenée (ainsi que mon père) pour prendre refuge dans de nombreuses écoles du Bouddhisme ésotérique. C'était juste comme autrefois, quand j'étais enfant, ma mère s’occupait de moi et m'emmenait à la maternelle, à l'école primaire et ensuite à l’école secondaire.
 
 
Conclusion
Les femmes représentent à la fois la compassion et la sagesse. Elles sont hautement appréciées et respectées dans le Bouddhisme tantrique.
Ne jamais oublier de rendre hommage à la bonté des parents ! De rendre hommage à la bonté du Bouddha !