Le seul et unique souhait
 

(A) Les trois souhaits d'un pratiquant bouddhiste

Un jour, un pratiquant bouddhiste hautement réalisé rencontra Aladdin qui lui accorda trois souhaits. Le pratiquant fit immédiatement trois vœux sans réfléchir. En entendant les souhaits du pratiquant, Aladdin se tint respectueusement devant lui avec ses mains jointes pour lui faire louange : « Pratiquant, les trois souhaits que vous venez de formuler sont tous destinés aux êtres. Vous êtes hautement respecté et admiré. »
Le pratiquant dit alors : « Si mon troisième souhait consistait à pouvoir encore formuler trois autres souhaits, me trouveriez-vous très avide ? Haha. »
« Non, » répondit Aladdin, « j'ai acquis le "pouvoir de la télépathie" qui me permet de lire vos pensées les plus intimes et de distinguer si vous êtes avide ou pas ! Supposons que votre troisième souhait consiste à formuler trois autres souhaits, que votre troisième souhait suivant consiste à encore formuler trois autres souhaits, et ainsi de suite, je vous permettrai certainement de le faire. C’est parce que je vous connais si bien que je suis sûr que vous ferez tous les souhaits uniquement pour le besoin des êtres. En fait, c’est trop compliqué de vous accorder des souhaits comme cela, donc à partir de maintenant, je vous autorise d'avoir des souhaits infinis. Moi, Aladdin, je promets par la présente de vous protéger et soutenir afin que vous puissiez avoir toutes sortes de commodités. » Aladdin disparut instantanément après cela.

Malgré cela, le pratiquant n'était pas influencé par la présence d'Aladdin ; il continuait à pratiquer spirituellement comme d'habitude. Le temps passait, un jour, après de nombreuses années, le pratiquant pensa soudainement à Aladdin et ce dernier apparut immédiatement. Le pratiquant dit : « Aladdin, vous m'avez tellement aidé, mais je ne sais vraiment pas comment vous exprimer ma gratitude. Alors, faisons ainsi, dites-moi aussi votre souhait et voyons si je peux le réaliser pour vous. » Aladdin répondit avec un sourire : « J’ai seulement un souhait qui est plus facile à "dire" qu’à "faire". Je souhaite que la vie de la sagesse du Bouddhisme puisse perdurer pour toujours. »

Au bout de quelques décennies, Aladdin avait exaucé d'innombrables souhaits pour le pratiquant. Néanmoins, le pratiquant sentait qu'il n’avait pas encore pu réaliser complètement l’unique souhait d'Aladdin ! Dès lors, le pratiquant persista à mener cette grande mission — à développer et répandre le Bouddhisme afin que la vie de la sagesse du Bouddhisme puisse perdurer pour toujours. Ceci est également le seul et unique souhait du pratiquant.

Note : Aladdin est une métaphore d'un Dharmapala (protecteur du dharma) du Vajrayana.

 
 

(B) Les trois souhaits d'un être

Un vieil homme qui avait accumulé quelques racines vertueuses était assez chanceux de rencontrer Aladdin et de même, Aladdin lui accorda trois souhaits. Pourtant, le vieil homme ne croyait pas que l'histoire d’"Aladdin et sa lampe merveilleuse" était vraie, alors il dit simplement sans réfléchir : « Je souhaite avoir une voiture, je souhaite gagner un premier prix. » Aladdin répondit : « Ceci est facile. » Plus d'un mois plus tard, le vieil homme reçut une lettre d'un organisme de bienfaisance l'informant qu'il avait obtenu le premier prix dans leur tirage au sort et le prix était une berline Honda cinq places. Il commença alors à croire qu’Aladdin avait vraiment le pouvoir magique de réaliser ses souhaits.

Ayant expérimenté une telle aventure, le vieil homme n’était pas excité du tout. Il était plutôt très contrarié et pensait avec regret : « Pourquoi n’avais-je pas réfléchi soigneusement avant de laisser échapper ces deux souhaits si stupides ? J’aurais dû identifier que je voulais une voiture Rolls Royce et proclamer que le premier prix devait être un énorme jackpot au Loto ! Maintenant, il ne me reste qu’un souhait, devrais-je demander de la richesse ? De la renommée ? De la santé et de la longévité ? Ou autre chose ? Ce serait formidable si les souhaits étaient infinis ! »
Le vieil homme eut soudainement une idée, il demanda à Aladdin : « Est-il vrai que vous pouvez réaliser n’importe quel souhait que je formule ? »
« Certainement », répondit Aladdin.

Le vieil homme dit alors : « Au début, mon troisième souhait est — je peux avoir trois autres souhaits. Ensuite, mon troisième souhait pour la deuxième fois est de vous demander de m’accorder à nouveau trois autres souhaits. Cependant, je pense que ce sera trop fatigant, donc mon troisième souhait est maintenant très simple, j’aimerais être vous. Vous ne regretterez pas de réaliser mon souhait, n’est-ce-pas ? Haha ! »
« Non, je ne le regretterai pas. J’exaucerai par tous les moyens votre souhait », répondit Aladdin sévèrement. En regardant cet insatiable vieil homme avare, Aladdin trouva qu'il était stupide, pitoyable. Cependant, Aladdin devait tenir la promesse de réaliser le souhait du vieil homme. Tout ce qu’Aladdin pouvait faire pour le moment était d’espérer que le vieil homme serait éveillé un jour.

Une semaine plus tard, le vieil homme mourut d'une pneumonie aiguë. Son esprit rencontra Aladdin et il demanda rapidement : « Pourquoi suis-je mort tout d'un coup ? »
Aladdin répondit : « Oh ! C’est le moyen le plus rapide pour vous faire devenir moi-même. Je suis un spectre, par conséquent, pour devenir moi-même, vous ne pouvez plus être un humain ! Vous êtes moi maintenant, félicitations ! »

En écoutant l'explication d’Aladdin, l'esprit du vieil homme fut réconforté et il pensa joyeusement : « C’est aussi bien puisque je suis un être céleste maintenant ; je peux toujours avoir tout ce que je veux ! Je souhaite maintenant posséder une grande maison. » En un instant, l'esprit du vieil homme constata qu'il était assis dans un palais céleste.
Puis, il dit : « Je souhaite maintenant qu’il y ait beaucoup d'aliments délicieux. » En un instant, la plus excellente et savoureuse nourriture apparut devant lui.
Il continua ensuite de formuler d'autres souhaits : « Je voudrais avoir des pavillons, des terrasses et des bâtiments élégants. » « Je veux des diamants et de l'or. » « Je souhaite avoir de la gloire et de la popularité afin que beaucoup de gens viennent m’interviewer. »
Sentant qu'il était encore en manque de quelque chose, le vieil homme continuait de dire : « Mon souhait maintenant est d'être servi par dix belles femmes. » En un éclair, dix jolies et charmantes femmes aux aspects gracieusement élancés apparurent devant le vieil homme.

Soudain, le vieil homme vit un vieillard agenouillé au centre du palais, il demanda alors au vieillard : « Quand êtes-vous entré dans le palais ? »
Le vieillard répondit : « Je suis agenouillé ici tout le temps ! »
Le vieil homme continua de demander : « Quel est le but de votre venue ici ? »
Le vieillard dit : « J'espère que vous pourrez m’accorder beaucoup de souhaits. »
Le vieil homme éclata de rire et dit : « Vous accorder beaucoup de souhaits ? Haha, mes propres souhaits ne sont pas encore réalisés, comment est-ce que je peux vous accorder beaucoup de souhaits ! Pas besoin de mentionner trois souhaits, en fait, il m’est impossible de vous en accorder même un seul ! »

Avant que le rire du vieil homme ne tombât, le palais se transforma en une prison, la nourriture délicieuse devint des excréments, les pavillons, terrasses et bâtiments élégants changèrent en une montagne d'épées et une forêt de sabres (la punition la plus impitoyable), les diamants et l'or se transformèrent en rochers, les invités devinrent une bande de criminels bruyants et agaçants et les dix belles femmes se transformèrent en dix soldats fantômes.

Le vieil homme hurla : « Aidez-moi Aladdin, aidez-moi Aladdin ! »
Aladdin apparut devant le vieil homme en un éclair et dit : « Vous êtes devenu moi maintenant, vous ne pouvez donc plus compter sur moi pour vous sauver. Nous, membres de la famille d'Aladdin pratiquons tous la Voie de Bodhisattva, nous considérons donc seulement le besoin des autres, mais n’avons jamais de plans pour nous-mêmes. Je crains que vous ne puissiez compter que sur vous-même pour vous sauver. »

Le vieil homme dit urgemment : « Il y a un vieillard venant me demander de lui accorder des souhaits tout à l'heure, j’aimerais répondre à sa demande ! »
Aladdin dit : « Il est trop tard, vous vous trouvez maintenant en enfer et avez perdu le pouvoir magique d’accorder les souhaits. En outre, vous n’avez pas besoin de donner des souhaits au vieillard parce qu'il est dans la même situation que vous et qu’il est également derrière les barreaux pour le moment ! »
Au sein de l’enfer rempli de cendres, le vieil homme essaya de son mieux pour chercher le vieillard, mais c’était en vain. Il demanda alors à Aladdin : « Où est-il maintenant ? »
Aladdin répondit : « Il est dans votre corps ! »
Le vieil homme chercha autour de lui et dit : « Non, je ne peux pas le voir. »
Aladdin répondit : « Bien sûr, vous ne pouvez pas le voir. En fait, ce vieillard est votre "cœur" ; il est votre "égoïsme". »

Post-scriptum :
Chaque personne a son propre souhait : les pratiquants bouddhistes réservent tous leurs souhaits pour les besoins des êtres alors que les gens ordinaires feront des souhaits uniquement pour eux-mêmes. Dans leur monde intérieur complexe, ils ont des désirs infinis qui ne peuvent jamais être complètement satisfaits. Ils sont comme le vieil homme dans l'histoire espérant que les "souhaits" accordés peuvent être infinis et que tous se réaliseront l’un après l'autre successivement. En outre, le cas où le vieil homme rêvait d'être Aladdin est semblable à ces disciples ignorants et incompétents qui sont si arrogants et vaniteux qu'ils souhaitent atteindre le niveau de pratique équivalent à celui de leur Guru en une année, en un mois ou même en une semaine !

Il n'y a pas d'Aladdin en réalité, les êtres mondains se tournent alors vers leur Guru, Bouddha et Bodhisattva pour formuler leurs souhaits. Ils prient la divine compassion du Guru, Bouddha et Bodhisattva de réaliser parfaitement leurs souhaits. Pour les êtres, le Guru est une personne de chair et de sang et c’est donc relativement facile d'entrer en contact et de communiquer avec lui. Ainsi, ils pensent que le Guru peut comprendre leurs besoins, ils demandent alors la bénédiction du Guru pour réaliser leurs souhaits du cœur. Cependant, les souhaits formulés sont simplement des désirs que les êtres espèrent implorer pour eux-mêmes, tous ces souhaits n’ont rien à voir avec la vie de la sagesse du Bouddhisme.

En outre, lors de la rencontre de situations difficiles, de nombreux disciples refusent d'envisager le nœud des problèmes pour trouver des solutions possibles eux-mêmes. Ils pensent plutôt qu'une fois que le Guru a connaissance de leurs situations, leurs problèmes seront traités par le Guru et seront tous facilement résolus. Tout se passera bien et ce sera toujours couronné de réussite de cette façon. En conséquence, les êtres comptent sur les bénédictions du Guru ainsi que sur son aide pour tout problème quelle que soit son importance, ils se permettent de faire réaliser leurs désirs innombrables au Guru. Lorsque nous cherchons refuge dans notre Guru, est-ce que nous avons pour but d’étudier le dharma tantrique suprême auprès de lui ou de le considérer comme une machine toute puissante qui est capable de réaliser des souhaits ? Les êtres ont traversé diverses consultations et études pour trouver le meilleur enseignant et ont de plus possédé certaines récompenses méritoires avant qu'ils ne puissent obtenir une chance de prendre refuge dans un Guru illuminé. Au moment où ils arrivent à compter sur le Guru le plus adapté, ils espèrent, cependant, se décharger de leurs fardeaux indésirables sur lui. Est-ce une bonne façon de traiter votre Guru comme cela ? En tant que Guru, il n’est probablement pas avare de réaliser les rêves de ses disciples. Réfléchissons cependant de cette façon : si le Guru a cent disciples et chacun d'eux fait un vœu, il y aura au total cent souhaits. De même, quand il y a mille disciples, il y aura en tout mille souhaits. Combien de temps précieux le Guru a-t-il besoin de passer pour la réalisation des rêves de ses disciples ? Est-ce que les disciples seront gâtés ? Quand le Guru est constamment maintenu occupé à toutes ces affaires mondaines, comment pourra-t-il épargner du temps pour développer et répandre le Bouddhisme ?

Par conséquent, en tant que disciple, s'il vous plaît, appréciez votre Guru, rangez tous vos désirs égoïstes et apprenez à prendre soin de vous-mêmes. Selon l'une des stances des《50 Stances de Dévotion au Guru》: « Ne pas déranger l’esprit de votre Guru en lui générant des soucis. » Les disciples devraient demander au Guru des questions liées au bienfait des êtres ou au dharma du Bouddha et devraient pratiquer avec diligence. Dans ce cas, les disciples peuvent rendre hommage à la bonté du Guru et lui donner des retours positifs sur ses enseignements. C’est aussi une manière pour les disciples d'aider le Guru à atteindre son seul et unique souhait, c’est-à-dire, à faire ce qui est dit dans une autre stance des《50 Stances de Dévotion au Guru》: « Toujours protéger et soutenir le voeu profond de votre Guru. »